Finance Montréal is pleased to announce that Léo Apotheker, former President of Hewlett-Packard and SAP, will be one of the keynote speakers.

 

Leo Apotheker My Life

24 février 2013

Léo,

T’es-tu correct ?
Le dernier t ne se prononce pas…

Il paraît que je dois m’occuper de ton immersion en québécois…
C’est l’fun au boutte.
Comme tu as du talent pour les langues, cela ne devrait pas être trop difficile.
Nous avons 3 mois devant nous. Enfin, tu as 3 mois devant toi…
Ne crois surtout pas qu’à Montréal on parle français. Ni que tu vas pouvoir parler anglais.
La plus grosse gaffe c’est de demander « j’ai du mal à vous comprendre, est-ce qu’on pourrait parler anglais ». Là, t’es fini.

Léo à Montréal – Première leçon…
Pas un seul mot en anglais. Sauf bien évidemment si on te le demande.
A Montréal, même le « Hot dog » est traduit en « Chien chaud » (ce n’est pas une blague). Cela coupe l’appétit, non ?
Tu t’imagines un dog allemand à la vapeur… J’arrête. C’est affreux. Écœurant veut dire « très bon » en québécois.
Si tu dis « email », « meeting », « lunch », « weekend », ils vont te fusiller d’entrée, tu ne pourras plus rien dire de plus.
Ce n’est pas la fin que j’ai prévu pour le bouquin, alors écoute-moi, une seule fois dans ta vie.
Enfin, parfois tu m’entends, sans le reconnaitre.
Ce n’est pas important que certains anglicismes aient été officiellement admis dans la langue française.
Le Québec ne l’a jamais approuvé et ce n’est pas pour demain.

Évite l’argot français car il y a des mots à ne pas prononcer au Québec.
Par exemple « les gosses », quand tu parles de tes enfants (ce qui ne va probablement pas arriver, mais on ne sait jamais).
Il ne faut surtout pas associer « les gosses » et « les photos ». Cela ne fait qu’aggraver la situation.
Si on te demande si tu es venu avec ta blonde – on parle de Liliane; même si elle est brune.
En ce qui est de sauter la clôture, j’ai déjà coupé court sur le site.
« Je capote » n’a rien à voir avec ce que tu peux imaginer.

Le lunch c’est le diner, le diner c’est le souper, le déjeuner c’est le matin.
Vérifie la météo avant de paqueter tes bagages. En mai 2007, il neigeait encore. Le climat se réchauffe mais on ne sait jamais.
Essaie aussi de te faire à l’idée que Montréal n’est pas au Canada mais au Québec.
Je sais bien, Québec n’est pas un pays. Pas encore.
Quand les Québécois te demandent « Tu es Français ? » (dès que tu ouvres la bouche) ce n’est pas une question mais un reproche.
Ils ne font pas la différence entre un accent parisien, belge ou suisse mais ils comprennent au quart de tour qu’il n’est pas québécois. Tout ce qui n’est pas québécois est donc français.
L’amitié franco-québécoise est une aventure encore un peu plus compliquée que l’amitié judéo-chrétienne. Sais-tu ça ?
Dans la plupart des cas, ils ne diront pas « Vous êtes Français ? » car ce sont les « Américains » qui parlent « français », ils ne conjuguent donc pas les verbes en 2ème personne du pluriel (just « you »).
Essaie donc de faire pareil. Sinon tu te fais remarquer et ils n’aiment pas les gens qui se font remarquer.
Mais… il ne faut surtout pas leur dire qu’ils sont américains.
Ni Américains, ni Canadiens. Qué-bé-cois ! Tu m’écoutes-tu? Tu m’entends-tu ?

Je viens de faire ma toute première sortie dans un subtile mélange du français et du québécois, sur le site, dans mon dialogue avec Charles.

J’ai dit à Jacques « On dirait que le héros de mon bouquin va être cette année… ton cadeau d’anniversaire. »
Il m’a répondu… « Effectivement les dates correspondent mais pour ce qui du cadeau, faut voir. Encore faut-il désirer le saisir et le déballer. […]”
Je crois bien que tu resteras… dans l’emballage, mon vieux. C’est ben poche!

J’avais besoin de rire un peu…
Oublier la réalité. Pour un court moment…
J’espère que tu ne m’en veux pas trop.
Merci d’avoir créé l’occasion.

Bye,

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