Caroline to Gérard Wertheimer, co-owner of French fashion house Chanel.
Monsieur Wertheimer,
Une vie est faite de parenthèses.
11 ans…
Mes années Chanel.
Une longue parenthèse, fermée brutalement par Verena, en août dernier.
Il parait qu’elle suit des ordres à la lettre…
Nous nous sommes croisés souvent dans les couloirs et dans les bureaux.
Pendant toutes ces années, j’ai été là pour vous et votre équipe.
J’ai été là, sans compter; ni le temps, ni l’argent.
J’ai été là, de janvier à décembre, du lundi au dimanche, le jour et la nuit.
Dans les bureaux ou sur mon île perdue dans l’Océan Indien, puis ailleurs – en Europe, Amérique, Australie; peu importe le décalage horaire.
Dans ce rôle d’un ange gardien. Un ange gardien veillant à votre business, à travers la technologie.
Un ange gardien philanthrope. Voire la comptabilité.
Des anges gardiens sont probablement tous philanthropes. Ils offrent tout pour un rien…
C’était mon choix. Pour le plaisir de faire partie d’une belle aventure. Le monde magique de Coco Chanel…
J’ai besoin de comprendre…
J’ai besoin de comprendre, comment une personne, avec le statut de Verena, peut si simplement détruire une longue histoire sans faute, en si peu de temps. Sans un mot d’explication.
Dans ce qui suit, je me base sur des sous-entendus de Verena mais je ne suis pas en mesure de déterminer la réelle valeur de ses propos. Je vous demande juste de ne pas m’en vouloir si le chemin montré par Verena est une fausse route.
Rien ne peut remplacer un dialogue. C’est ce qui a manqué en août dernier.
Lydia aurait pu être le maillon fort…
Dans les propos de Verena il était question de religion et de famille(s)…
L’amitié judéo-chrétienne…
Non, je ne suis pas juive…
Si je n’ai plus le droit de vivre, tout comme ma fille, c’est parce que j’ai tendu la main et j’ai pris la défense d’un juif – Léo Apotheker…
C’est pourquoi le livre…
Un extrait de You, the Daughter :
I will do whatever it takes to change this abominable image of your father that the world has created over the last two years.
Le 8 août 2010 – Caroline à Léo – « Ma tribu [chrétienne] me déteste parce que j’ai osé te défendre et la tienne [juive] parce que je n’en fais pas partie. Au milieu de cette guerre gratuite il y a un enfant. »
J’ai grandi en citoyenne du monde, dans l’esprit de diversité et de tolérance.
Depuis toujours et pour toujours.
J’ai fait grandir ma fille dans le même esprit.
Pendant des années, j’ai joué du violon. Tous mes profs étaient juifs, y compris le maître – Yehudi Menuhin.
Les amis de ma fille, de l’Ecolint, sont juifs, musulmans, bouddhistes, …
Ma mère avait 3 ans quand la 2ème guerre mondiale a commencé.
La guerre a marqué toute sa vie, a déteint sur la mienne.
Mes grands-parents ont survécu. Pendant la guerre, ils aidaient les juifs à survivre.
Il y avait beaucoup de chaleur humaine en eux.
C’est grâce à eux que je suis qui je suis.
J’ai un terrible souvenir – ma mère (très malade) en larmes, au téléphone en automne 2010 « Je ne t’ai jamais dit de te méfier… Je ne voulais pas que tu grandisses comme cela. »
Et je n’ai pas grandi comme cela. Ma fille non plus. Et j’en suis fière.
Je suis fière de ne pas savoir ce que c’est d’être antisémite.
Même si cela me conduit au cimetière, en emportant l’avenir d’un enfant avec…
Verena a planté le dernier clou dans mon cercueil. Sans explication.
Je ne comprends pas votre complicité…
Vous m’avez laissé tomber au moment où j’avais le plus besoin de vous.
Une vie qui s’éteint, puis une autre qui, dans le meilleur de cas, restera orpheline à jamais…
Là, nous sommes bien au-delà des frontières de l’humanité.
Cela méritait au moins un mot d’accompagnement…